Connaissez-vous ce village perché à 650 mètres d'altitude, au charme pittoresque, qui a failli être ravagé par les flammes ?

Nous revoici dans le département des Alpes Maritimes, où nous partons régulièrement à la découverte de villages médiévaux perchés entre mer et montagne. Niché dans la verdoyante vallée du Paillon, tout près de l’Escarène avec son impressionnant viaduc, ce superbe village au patrimoine riche a pourtant failli disparaître sous les flammes ! Une petite visite s’impose…

Un sublime petit village perché

Cette ancienne place forte de la Route du Sel était, au Moyen-Âge, la propriété du Comte de Provence. De son château, trônant au somme du vieux village, ne reste aujourd’hui que quelques ruines auxquelles l’accès se mérite ! En effet, équipez-vous de bonnes chaussures car : ça grimpe ! Là-haut, vous pourrez admirer les vestiges de l’enceinte fortifiée des XIIe et XIIIe siècle ainsi qu’une tour à mâchicoulis de 15 mètres de hauteur, dite “ouverte à la gorge”, et construite en forme de fer à cheval de sorte que l’assaillant, s’il parvenait à s’en emparer, ne puisse pas s’en servir contre le village.

Ce charmant petit village de l’arrière-pays niçois, situé à 25 kilomètres de la Cité des anges, est perché à 650 mètres d’altitude sur son éperon rocheux. C’est plus que La Roquette-sur-Var qui, du haut de ses 380 mètres offre néanmoins un panorama grandiose à 360 degrés, ou que le magnifique village médiéval fortifié de Peillon, perché à 376 mètres de hauteur. Mais c’est moins que Sainte-Agnès, qui n’est pas surnommé pour rien “le balcon de la Côte d’Azur”, puisque le village trône à près de 800 mètres d’altitude !

Un patrimoine riche

Comme toutes les anciennes cités médiévales, ce vieux village abrite un patrimoine historique et culturel d’une grande richesse que l’on découvre en s’aventurant dans son dédale de ruelles en gradins parsemées de hautes maisons gothiques aux façades splendides, de passages voûtés, de vieilles portes en ogives, de petites fontaines, de lavoirs, ou encore d’une “placette” en son centre. Placette où l’on peut d’ailleurs découvrir le Musée de la crèche, où sont exposées plus de 150 œuvres dont la plus ancienne date de 1948. Ce n’est d’ailleurs pas le seul musée du village puisque l’on peut aussi visiter le Musée des Vieux Outils et de l’Histoire Locale, ainsi que le Musée du moulin à huile du XVIIe siècle.

On y trouve également une charmante église bâtie dans les murs d’un ancien château et classée Monument Historique : l’église Sainte-Marguerite-et-Rosalie, de 1487, qui mêle une façade où s’entremêlent styles roman, gothique, rococo italien, et un intérieur baroque. Elle compte cinq retables, dont l’un, datant de 1510, est attribué au peintre Louis Bréa, de l’École des Primitifs Niçois, et l’un des trésors les plus importants de France avec plus de 40 pièces classées. La chapelle Notre-Dame de Bon Cœur et la chapelle Saint Grat, toutes deux classées également, ne sont pas en reste puisqu’on peut y admirer des fresques de la fin du XVe siècle du peintre italien à la renommée internationale Giovanni Baleison.

Lucéram, un village sauvé des flammes

Ce que l’on s’attend moins à trouver en revanche, là où le soleil brille plus que n’importe où ailleurs en France, c’est une ancienne station de sports d’hiver ! Et pourtant, c’est bien là, sur ce territoire comptant plusieurs sommets, que le chevalier et alpiniste Victor de Cessole créa, en 1909, la première station du département, située dans le hameau de Peïra-Cava. Mais vous pouvez ranger vos après-ski, le télésiège a disparu ! Enfilez plutôt vos chaussures de randonnée car plusieurs sentiers proposent de bien jolies balades vers la vallée des Merveilles, dans le Parc national du Mercantour, qui ne pourrait pas mieux porter son nom.

Mais, à défaut de dévaler des pistes de toutes les couleurs, aux mois de décembre et janvier, vous pourrez vous plonger dans la tradition des crèches provençales avec “Le Circuit des Crèches”, véritable institution de Lucéram qui attire chaque hiver de nombreux curieux depuis plus de 25 ans. On peut y admirer plus de 500 crèches exposées à travers le village, dont la plus grande mesure plus de 10 mètres de long !

Lucéram est également célèbre pour un évènement beaucoup moins réjouissant qui a failli réduire en cendres ce patrimoine si riche et précieux. En effet, en 2003, un gigantesque incendie s’est emparé du Col Saint Roche et de la Cime du Rocaillon et a nécessité l’intervention acharnée de plus de 700 pompiers venus de toute l’Europe. Et si plus de 2000 hectares de forêts furent ravagés par les flammes, le village de Lucéram fut quant à lui, fort heureusement, sauvé de justesse ! Un patrimoine rescapé qui mérite peut-être un peu plus encore notre attention.

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Photo en Une : Panorama du village de Lucéram dans les Alpes-Maritimes © AdobeStock_Rolf

Mélina Hoffmann