On n’a jamais fini de faire le tour des villes et villages français, de se laisser séduire par le charme, l’âme, le caractère de ces témoins privilégiés de l’Histoire. Quoi que… de celui-ci on fait le tour un peu plus vite tout de même que les autres puisque sa superficie n’atteint même pas celle de la Place Charles de Gaulle à Paris, où trône l’Arc de Triomphe ! On vous emmène dans le plus petit village de France !
Plus petit que la place Charles de Gaulle, mais un charme immense !
C’est une commune rurale du Sud-Ouest de la France qui détient cet étonnant record ! Avec ses 3,54 petits hectares et son périmètre de 970 mètres, ses 52 habitants n’ont pas besoin de transports en communs ! Aucune voiture n’y circule d’ailleurs, c’est à pieds, bercé par le calme et le chant des oiseaux que l’on en fait le tour.
Selon la légende, c’est à Robespierre que l’on devrait la taille de ce village qu’il aurait, lors de la Révolution, amputé de toutes ses terres suite à un différend avec le député Peyruchaud, réduisant ainsi le tracé de la commune au chemin de ronde.
Petite, certes, mais néanmoins charmant avec ses ruelles fleuries et tortueuses, son bourg médiéval traversé par son chemin pavé, ses minuscules places, ses escaliers, ou encore sa cinquantaine de maisons anciennes aux façades où se mêlent pierres et végétation, et dont la plus petite mesure à peine 2 mètres de large ! Le site est d’ailleurs classé aux Monuments Historiques depuis 1973, et a connu sa petite heure de gloire puisque quelques scènes de la saga sortie en 2000, ‘La bicyclette bleue‘, avec Laetitia Casta, y ont été tournées.
Un bourg médiéval pittoresque
Située à une cinquantaine de kilomètres de Bordeaux, dans la région naturelle de l’Entre-deux-Mers, ce village posé sur un éperon rocheux domine le vallon de Ségur, du nom du ruisseau qui coule au sud-est du village, et ses vignes. Les fortifications imposantes qui l’entourent témoignent de son statut d’ancienne place-forte, tout comme sa superbe porte du Moulin, avec imposte en fer forgé, qui marque l’entrée du bourg médiéval.
On se croirait soudain revenu au Moyen-Âge devant cette ancienne porte du mur d’enceinte, mais aussi devant la tour de l’ancien château aujourd’hui disparu, ces bâtiments en pierre datant des XVIIe et XVIIIe siècles, ou encore cet ancien palais ducal situé rue de l’amitié, et dans lequel se trouve aujourd’hui l’hôtel de ville. Ce dernier abrite encore, en son sous-sol, les cachots de l’ancienne sénéchaussée, le tribunal sous l’Ancien Régime, qui furent utilisés jusqu’en 1790. L’un d’eux possède d’ailleurs encore sa porte de bois équipée de verrous et d’un guichet.
Terre des Rudel puis des Albret, d’où l’ajout fait à son nom initial pour la distinguer de sa voisine Castelmoron du Lot, on vient aussi à Castelmoron-d’Albret pour admirer son église Sainte-Catherine-et-Notre-Dame, restaurée au XIXe, sa Halle aux grains en bois, son moulin, son charmant lavoir à impluvium, qui récolte l’eau de pluie, utilisé par les lavandières jusque dans les années 1970, ses vieux puits, mais aussi pour y découvrir son artisanat local.
Un petit village qui ne manque pas de vie
Car, si l’on n’y trouve plus ni école, ni poste, ni même une épicerie, ce sont désormais une forge, un atelier et une boutique de poterie, une galerie d’art ainsi qu’un salon de thé qui animent le village. Durant la saison estivale, un office de tourisme accueille même les touristes, et la municipalité organise des manifestations culturelles telles que des visites guidées et des expositions. La commune s’anime aussi à l’approche de Noël avec son marché de Noël et son fameux “village des crèches” où, chaque année depuis 2000, des crèches du monde entier sont exposées durant toute la deuxième quinzaine de décembre.
Des activités qui devraient se développer dans les années à venir puisque le village s’est tout récemment uni à trois autres, Caumont, St-Martin-du-Puy et Rimons, pour créer l’association “Ma Caucas’ri”, un tiers-lieu permettant de développer des projets en commun. C’est dans ce cadre, d’ailleurs, qu’a ouvert en juin dernier une maison des artisans, et que vient de se terminer le Festival ‘Et si les arbres’, à Casterlmoron-d’Albret.
Ainsi, le plus petit village de France compte bien faire parler de lui et développer son patrimoine et son artisanat pour rayonner davantage, tout en préservant bien sûr son exceptionnelle qualité de vie, où l’existence semble se dérouler hors du temps, du bruit, et de l’agitation du monde. Ah oui, et sachez que l’on ne trouve pas non plus de cimetière à Castelmoron-d’Albret ! Un petit village où il fait bon vivre… et où il semblerait donc que l’on ne meurt pas !
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Mélina Hoffmann