Des gratte-ciels dans Paris ? C’est une idée qui en crispe plus d’un ! Ce débat n’est pourtant pas nouveau et suscite toujours les mêmes passions. Depuis le début du XXe siècle, plusieurs projets d’aménagements urbains incluant des immeubles de grande hauteur ont manqué de voir le jour dans notre capitale. Destruction de l’unité urbaine parisienne pour les uns, promesse d’un nouveau souffle de modernité pour les autres, la question se porte plus sur le rapport à la ville que sur de simples critères esthétiques. Tour d’horizon de ces projets d’autrefois qui ont bien failler changer le visage de la Ville Lumière !
Le Plan Voisin
Pendant l’entre-deux guerres, une partie des quartiers centraux de la rive droite, réputés pauvres et quasi-insalubres, suscitent l’intérêt des urbanistes. Parmi eux, Le Corbusier envisage une solution baptisée « plan Voisin ». Il propose la construction d’une série d’immeubles cruciformes alignés de façon orthogonale de l’est du Marais jusqu’au pied de la butte Montmartre. Le plan comprend également la construction de deux artères de circulation sur les axes est-ouest et nord-sud, reliant Paris aux autres villes françaises et européennes. Le déclenchement de la seconde guerre mondiale met un terme définitif à ce projet.
Les Maisons Tours d’Auguste Perret
En 1922, l’architecte Auguste Perret imagine ceinturer Paris de nouveaux gratte-ciels de 200m de haut sur l’emplacement de l’enceinte de Thiers (où se trouve l’actuel périphérique). Un ensemble de 250 tours, reliées entre elles par des ponts qui auraient comporté appartements, bureaux et commerces.
Le projet d’aménagement de la Porte Maillot
En 1931, les autorités cherchent à aménager la voie triomphale entre la place de l’Étoile et ce qui n’est pas encore la Défense. Un concours privé est lancé auprès de 12 architectes auquel participe notamment Henri Sauvage qui propose deux immeubles d’habitation pyramidaux. Le projet ne verra, heureusement, jamais le jour.
La transformation de la Gare d’Orsay
En 1958, la gare d’Orsay voit son trafic ferroviaire disparaître totalement. Une question se pose alors : que faire du bâtiment ? Une longue bataille s’ouvre alors sur sa réaffectation et la SNCF lance un concours en vue de construire un hôtel de luxe avec galerie commerciale. Le Corbusier, encore lui, propose l’un de ces bâtiments dont il a le secret : une sorte de tour-écran au goût bien discutable. En 1973, la gare est finalement classée monument historique. La décision officielle de construction du musée d’Orsay est prise en 1977 à l’initiative du Président Valéry Giscard d’Estaing.
Le projet de Tour Polak
En 1962, un étrange projet de tour de transmission télé est envisagé. À l’emplacement de l’actuelle Arche de la Défense, une structure en tôle d’acier reposant sur trois pieds devait culminer à 750 m de haut et émettre dans un rayon de 250 km autour de Paris. Le projet sera abandonné pour des raisons financières… et à cause de l’arrivée des satellites de communication qui le rendirent obsolète !
Le réaménagement des Halles et la tour du ministère de l’éducation nationale
Dans les années 60, les Halles de Paris sont complètement remaniées. Le marché de vente en gros déménage à Rungis et la Villette et les pavillons Baltard, vieux de plus de 120 ans, sont détruits. À leur place, l’architecte Jean Faugeron propose ces bâtiments aux faux airs de Tour Eiffel, culminant à 200 m. Ce style de tours était caractéristique de Faugeron qui propose la même année un gratte-ciel de 180 m pour le ministère de l’éducation nationale sur l’emplacement de la prison de la Santé.
La tour Lumière Cybernétique
Située à proximité de la Défense, la Tour Lumière Cybernétique devait être ornée de 3 226 projecteurs, 2 000 flashs lumineux, 330 miroirs et mesurer près de 350 m de haut. Ce projet du sculpteur Nicolas Schöffer devait voir le jour en 1970. Un faisceau laser reliant le sommet de la Tour au flambeau de la Statue de la Liberté sur l’Île aux cygnes devait établir un trait d’union marquant l’évolution des formes de création. Le projet sera finalement abandonné suite au décès du président Pompidou, l’un des seuls à soutenir sa construction.
La tour Apogée
Dans les années 60 et 70, un projet de réaménagement du 13e arrondissement, baptisé opération Italie 13, prévoit la construction d’immeubles de grande hauteur. La Tour Apogée, haute de 220 m, devait couronner l’opération et devenir l’immeuble le plus haut de France devant la Tour Montparnasse. Le projet est annulé suite à l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974.