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Portrait : Madame du Barry, dernière favorite royale

De prostituée à maîtresse royale, Madame du Barry a été la dernière favorite d’un monarque de l’Ancien Régime. Elle aura vécu une vie intense, pleine de rebondissements et qui s’est achevée sur une note tragique…On vous la présente.

Début de vie

Jeanne Bécu est née le 9 août 1743 à Vaucouleurs en Lorraine. On la baptise Jeanne en l’honneur de Jeanne d’Arc, elle aussi originaire de Vaucouleurs. Sa mère, Anne, est une couturière et son père est très certainement un moine dominicain. Les premières années de la vie de Jeanne se passent en Lorraine où, déjà petite fille, elle est surnommée l’Ange en raison de sa beauté.

Lorsque Jeanne a environ six ans, sa mère rencontre le financier Roch-Claude Billard-Dumouceaux dont elle devient la maîtresse. Billard emmène la mère et la fille à Paris et il place Jeanne au couvent pour qu’elle y fasse son éducation. Brillante élève, la jeune fille apprend à lire, écrire, compter, danser et garde un très bon souvenir de ces années.

Portrait supposé de Madame du Barry par François-Hubert Drouais (collection privée, 1764).

Elle sort du couvent à l’âge de 15 ans et elle devient apprentie chez le coiffeur Lametz. C’est la que sa vie galante commence puisqu’elle a une aventure avec le fils de sa patronne, qui la congédie lorsqu’elle l’apprend. Elle trouve ensuite un nouvel emploi de lectrice chez la veuve du fermier général Delay de La Garde. Cette fois-ci, ce sont les deux fils qui tombent sous son charme et qui deviennent ses amants, alors qu’ils sont tous les deux mariés.

Vie galante

Sous le nom de Mademoiselle Lange, elle devient modiste chez Madame Labille. Tous les hommes qui passent dans la boutique sont subjugués devant sa beauté. Ses yeux bleus et sa peau pâle lui donne un physique délicat, tout à fait dans les critères de cette époque. Comme beaucoup de vendeuses de cette époque, il n’est pas rare qu’elle arrondisse ses fins de mois se prostituant. C’est ainsi qu’elle rencontre le vicomte Jean-Baptiste du Barry. Cet homme est un débauché qui tient plusieurs maisons closes dans Paris. Jeanne cède à ses avances et devient sa maîtresse. Avec lui, elle commence à fréquenter les lieux les plus en vue de la haute société parisienne.

Madame du Barry en Flore, ou tenant une corbeille de rose par François-Hubert Drouais (première version, collection particulière, 1770)

Jeanne devient une véritable prostituée de luxe et couche avec les hommes les plus riches et les plus influents de Paris. Elle se constitue une fortune considérable alors qu’elle n’a qu’une vingtaine d’années. Très douée dans la séduction, elle devient une experte des plaisirs charnels.

Favorite royale

En 1768, Jean-Baptiste du Barry a l’idée de la présenter au roi Louis XV sous le nom de Mademoiselle de Vaubernier. Le soir même de sa présentation au roi, elle devient sa maîtresse. A cette époque, Louis XV a 58 ans et elle a 25 ans, en faisant croire qu’elle en a 20. Très affecté par de nombreux décès autour de lui, et notamment ceux de sa précédente maîtresse Madame de Pompadour et de son épouse la reine Marie Leszczynska, Louis XV est profondément dépressif.  Grâce à cette jeune femme ravissante, pleine de bonté et d’espièglerie, il reprend goût à la vie. Avec elle, il découvre des pratiques qui lui étaient jusqu’alors inconnues.  Elle devient sa maîtresse officielle et il lui est même fidèle. Il aura même pour projet de l’épouser, comme Louis XIV l’avait fait avec Madame de Maintenon, mais cela n’aboutira pas. Pour qu’elle soit officiellement présentée à la Cour de Versailles, Jean-Baptiste du Barry la marie à son frère, Guillaume. Ce dernier accepte ce mariage blanc et Jeanne devient comtesse du Barry.

Madame du Barry en Flore par François-Hubert Drouais (deuxième version, musée du Prado, 1770)

Toute la noblesse et le peuple sont épouvantés par cette relation que le roi entretient avec une prostituée, le scandale est immense.Même si Jeanne est très critiquée voire détestée à la Cour de Versailles elle commence à se faire quelques alliés.  La plupart des nobles lui reproche surtout sa condition sociale roturière.

Contrairement à certaines idées reçues, Madame du Barry est une femme d’une grande gentillesse, charmante et aux manières irréprochables. Contrairement à Madame de Pompadour, elle ne se mêle pas de politique, ce qui est grandement apprécié. Elle subit tout de même la haine de la famille royale, et notamment de la jeune Marie-Antoinette, qui refusera pendant très longtemps de lui adresser la parole.

La comtesse du Barry par Jean-Baptiste Greuze (collection particulière, 1771).

Seconde vie

Mais le bonheur est de courte durée pour Jeanne. En 1774, le roi Louis XV tombe gravement malade. Se sachant condamné, il demande à Madame du Barry de quitter la Cour pour éviter qu’elle ne s’en fasse chasser dès qu’il sera mort par les nouveaux souverains, Louis XVI et Marie-Antoinette. Les derniers mots de Louis XV seront pour elle.

Madame du Barry par Élisabeth Vigée Le Brun (musée d’Art de Philadelphie, 1781)

Le lendemain de la mort du roi, Marie-Antoinette décide de se venger et envoie Madame du Barry en exil dans un couvent. Ce séjour se passe étonnamment plutôt bien car elle sait se faire appréciée des religieuses. Elle reçoit les visites de ses anciens admirateurs, notamment le duc de Brissac, amoureux d’elle depuis des années.

Grâce à ses alliés,  Madame du Barry est libérée et son château de Louveciennes, que le roi lui avait offert, lui en rendu.  Durant une quinzaine d’années, elle profite de la richesse qu’elle a accumulée durant des années de gloire et vit dans l’opulence. Elle s’installe à Louveciennes avec celui qu’elle considère comme l’homme de sa vie, le duc de Brissac. Cette période reste la plus faste et la plus heureuse de sa vie.

Fête donné à Louveciennes, le 2 septembre 1771 par Jean-Michel Moreau (musée du Louvre, 1771).

La Révolution 

L’été 1789 arrive et avec lui tous les bouleversements de la Révolution française. Même si Jeanne est royaliste, comme la plupart du peuple français à cette époque, elle est acquise aux idées libérales et elle est prête à accueillir le nouveau régime qui se met peu à peu en place.

Jusqu’en 1791, Madame du Barry n’est pas compromise, notamment grâce à ses nombreux dons patriotiques.  En janvier de cette année, son château est cambriolé et on lui vole un nombre considérable de bijoux. Elle apprend que les voleurs pourraient se trouver à Londres, où elle se rend. Pendant son absence, le duc de Brissac est assassiné et sa tête est jetée par une fenêtre dans le salon du château de Louveciennes. Peu après, en janvier 1793, Louis XVI est guillotiné et c’est le début de la Terreur.

Madame du Barry par Élisabeth Vigée Le Brun (galerie nationale d’art de Washington, 1782.)

La comtesse veut récupérer le reste de ses bijoux à Louveciennes et rentre en France, au pire moment. Ainsi, ce qui devait arriver arriva : elle est arrêtée et accusée  d’espionnage avec l’Angleterre et d’avoir détournée de l’argent public du temps de sa faveur auprès du roi. Malgré une pétition signée par une soixantaine d’habitants de Louveciennes qui vante sa bonté, elle est jugée.

On lui laisse sous-entendre qu’elle pourra échapper à la guillotine si elle révèle où sont cachés ses bijoux, ce qu’elle fait. Il s’agissait bien sûr d’une ruse et la comtesse est condamnée à la guillotine. Croyant jusqu’au bout à une méprise, elle aurait crié « Encore un moment, Monsieur le bourreau ! ». Mais le couperet tombe et elle meurt, le 8 décembre 1793 à l’âge de 50 ans.

Madame du Barry par Élisabeth Vigée Le Brun (collection particulière, 1789-1814)

Madame du Barry a aujourd’hui gardé une mauvaise réputation, sans doute hérité des jalousies et de la haine qu’elle a inspirée sous la Révolution. Pourtant, elle fut une femme très appréciée pour sa générosité par les gens de Louveciennes et tous ceux qui la côtoyèrent vantèrent son caractère aimable et doux.

 

Virginie Paillard 

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Image de mise en avant : La comtesse du Barry en Flore par François-Hubert Drouais, copie conservée à la Galerie nationale d’art des États-Unis (1769).

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